Sauvage - Jane Harper

Policier & Thriller 

Ed. Calmann-Lévy - avril 2018 - 432p

Roman sauvagement bien orchestré !

La lecture des cent premières pages a été sans mentir assez ardue, j'étais prête à abandonner. Cela pour 2 raisons. La première je pense que d'avoir lu le premier de l'auteur (Canicule) doit aider énormément à se plonger dans celui ci, car il y a de nombreux rappels géographiques et sur le héros que j'avais du mal à positionner.
Et la seconde : la crédibilité de la situation !

Mais après tout c'est un roman ! Et finalement un très bon roman, bien agencé, très addictif qui pousse à tourner les pages pour connaître la vérité, savoir ce qu'il s'est réellement passé dans le bush.
Étant nocive j'ai quand même du chercher la définition du terme bush et je vous la livre, car le mot est énormément usité dans le livre et on ne se moque pas de ma culture merci !

 

Bush - nom masculin
Végétation des pays secs (Afrique orientale, Madagascar, Australie), formée de buissons serrés et d'arbres isolés.

Voilà maintenant je peux continuer sur le livre !

Deux équipes de 5 hommes et de 5 femmes sont réunies pour un séminaire professionnel enfin du moins un trek de 3 jours avec un équipement de base, aucun moyen de communication, dans les monts de Giralang, pour un parcours étudié et tracé avec des points de ravitaillement en eau et nourriture.

Nous apprendrons que ce bush est particulièrement hostile, dangereux s'y perdre est très facile, y être retrouvé plus difficile et de plus, il fut le repère d'un serial killer qui a légué la passion du mal à son fils.

Et voilà pour moi où pêche la crédibilité. Mon patron me propose ce type de séminaire pour souder les équipes, voir qui méritera de monter en grade dans l'entreprise, je me dis qu'il est fou et je démissionne ! Et je précise au passage que leur travail n'a rien à voir avec la survie, la vente de matériel de survie etc ce sont des gestionnaires, des comptables, des employés de bureau en bref. Arpenter pendant 3 jours un tel milieu avec un équipement plus que rudimentaire et aucun talkie walkie pour joindre les secours en cas de problème, c'est une folie pure. Et même si vous avez réussis à cacher votre téléphone portable (interdit pour bien se plonger dans "la survie") vous pouvez vous asseoir dessus zéro réseau à l'intérieur du bush.

"La direction sélectionne les employés dont elle juge que ce défi leur permettra de répondre au besoin de développement personnel ou professionnel qu’elle a identifié chez eux..."

Le dimanche midi, l'équipe masculine arrive au point de rendez vous, l'équipe féminine arrivera quant à elle, 6h après avec une Alice qui manque à l'appel et les 4 autres en piteux état, blessées, épuisées, déshydratées... La police, les secours, se déploient et partent à sa recherche sous une pluie quasi incessante (après Canicule c'était la moindre des choses de faire un roman sous la pluie !).

Le roman alterne les chapitres : l'enquête et la progression de l'équipe féminine, l'auteur tire les ficelles, impliquant tout le monde dans cette disparition, nous sommes perdus comme Alice dans le bush. D'un coté nous voyons évoluer les recherches et de l'autre nous reprenons au point de départ le cheminement du groupes des femmes. Nous comprenons rapidement qu'Alice n'est pas la gentille du groupe, on a très vite envie de l'étrangler d'ailleurs, mais sa méchanceté ne semble pas le seul enjeu en lice qui justifie sa disparition.

Est ce le fils d'un serial killer ? les secrets dans cette équipe ? les enfants de ses femmes ? cette enquête financière au sein de l'entreprise dont Alice est chargée de dénoncer les fraudes ?

Le dénouement m'a assise (ah oui c'est vrai j'étais déjà assise c'est mieux pour lire !) je n'ai pas pensé une seule seconde à une telle alternative.

Jane Harper a su me perdre avec brio tout en construisant un roman avec une intrigue à plusieurs niveaux jouant surtout sur cette oppression générée par le lieu et cette peur de ne pas retrouver son chemin. Elle dépeint le paysage de ce bush à la perfection, chacune de ses descriptions contribuent à augmenter l'atmosphère pesante, qui fait monter notre angoisse d'être perdue au cœur de cette jungle, réveillant en nous nos plus bas instincts de survie.

Mais quel instinct de survie a été le plus fort ?

Un bon roman dans l'ensemble, je l'ai apprécié et dévoré jusqu'à la fin plus poussée par la qualité de l'intrigue et la curiosité mise à rude épreuve que par la qualité du récit en lui même, où d'ailleurs l'alternance des chapitres est un peu mal organisée et la présence de passages descriptifs un peu longs ainsi que de nombreuses répétitions de phrases. Il semble être plus un roman charnière à découvrir après Canicule et son prochain roman, pour en apprendre un peu plus sur Aaron Falk.

"Il avait repensé aux centaines de petits détails qui s’étaient additionnés pour que les choses tournent mal. Peut-être que des centaines de petits détails pouvaient aussi s’additionner pour qu’elles tournent bien."

Merci aux Editions Calmann Levy et à NetGalley pour cette lecture.

Synopsis : Après le succès de Canicule, une énigme infernale, en plein Bush.

De retour à Melbourne après un séjour éprouvant dans sa ville natale, l’agent fédéral Aaron Falk apprend la disparition d’Alice Russell. Cette dernière, qui n’est jamais revenue d’un challenge d’entreprise dans le bush, est son témoin clé dans une affaire de blanchiment d’argent à grande échelle. Alors que son enquête plonge Falk au cœur d’une nature magnifique mais impitoyable, surtout en plein hiver, il découvre que tous les participants à ce challenge ont quelque chose à cacher. Et qu’Alice, femme cruelle et insensible, est loin d’être appréciée par ses collègues. Le compte à rebours pour retrouver Alice vivante est enclenché mais, si les langues se délient progressivement, tout le monde ne semble pas prêt à coopérer. Un nouveau thriller aussi dépaysant qu’addictif qui confirme l’immense talent de Jane Harper pour des intrigues redoutables.

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L'auteure : Née au Royaume-Uni, Jane Harper déménage avec sa famille a l'âge de 9 ans en Australie.
Après avoir vécu pendant six ans à Boronia, dans l'état de Victoria, elle obtient la nationalité australienne. Elle collabore à la presse écrite, en Australie et au Royaume-Uni.Vendu dans plus de 20 pays, "Canicule" (The Dry, 2016) est son premier roman. Les droits de ce roman ont été achetés par la productrice américaine Reese Witherspoon.